Le regard, un outil essentiel
Nos yeux nous offrent beaucoup d’informations qu’il faut saisir et dont il faut se servir. Il faut réussir à percevoir ce que l’adversaire fait et ce qu’il ressent. Il faut également surveiller la réaction des arbitres et de notre entraîneur, suivre le pointage sur le tableau de bord et le chronomètre. L’important n’est pas juste de regarder, mais de voir ce qu’il y a à voir.
Un regard englobant
Pendant les actions, le regard doit être centré en direction de l’adversaire en tout temps. On est parfois surpris de voir des combattants qui, pendant quelques secondes, détournent le regard vers l’entraîneur, vers la foule ou vers le sol. Le regard doit toujours être centré sur l’ensemble du corps de l’adversaire. Il faut voir l’adversaire globalement, de la tête au pied, mais en gardant le centre du regard dans les yeux. Il faut éviter de suivre du regard les cibles que l’on frappe ou les techniques de l’adversaire. Si votre regard est trop concentré sur une cible précise, vous risquez de vous faire surprendre par une technique provenant d’une autre direction.
Le regard doit être englobant et détaché de toute cible précise.
Les maîtres japonais disent « Enzan no metsuke »:
Regarder le sommet des montagnes
Cela veut dire regarder au loin, être attentif à tous les détails, dans toutes les directions de manière équivalente.
L’adversaire sera au centre de notre champ visuel, mais il ne doit pas être notre cible. Il est important de pouvoir observer la totalité de son champ de vision. Cet état est atteint quand l’esprit est libre. Quand il est entravé par la crainte ou le doute, ou distrait par l’intellectualisation, l’esprit n’est pas libre pour répondre aux imprévus. Ce n’est pas d’avoir un regard vague et vide, mais plutôt voir toutes choses avec la même importance, une vigilance qui ne s’attache pas aux détails.
Voir dès le début!
Le regard bien placé nous permet de détecter une technique dès qu’elle est initiée. On a alors plus de temps pour réagir. Il faut avoir le regard aiguisé pour pouvoir détecter le départ d’une technique même si elle est très explosive.
Le regard dans les yeux de l’adversaire
Je pense qu’il est important de regarder l’adversaire dans les yeux. En regardant l’adversaire dans les yeux, tu pourras y lire ses intentions et tu pourras transmettre à l’adversaire ta détermination, ta force et ton courage. On peut lire énormément d’informations dans le regard de l’autre.
L’anticipation du combattant est beaucoup plus efficace quand on peut réagir sur l’intention de l’adversaire plutôt que seulement sur son mouvement de corps. Cette sensation de l’autre est plus facile à obtenir en observant le regard de l’adversaire, puisque ses yeux sont le miroir de son esprit. Il faut se connecter émotivement au regard et y détecter les intentions de l’adversaire.
Le regard est le miroir du cœur et de l’esprit du combattant.
Il faut être prudent, parce que si on peut lire dans les yeux de l’adversaire, il peut également lire dans le nôtre. Il faut éviter de télégraphier le départ de nos techniques dans notre regard. Le regard peut également servir à déjouer l’adversaire en lui faisant croire à un élément faux. Cette notion sera mieux développée dans la section sur les feintes.
Le regard en fonction de l’émotion
Notre regard est étroitement lié à notre mental et à nos émotions. Lorsqu’on est calme, tous les mouvements semblent plus lents. Au contraire, lorsqu’on est dépassé par les événements, tout semble aller trop vite. Il faut que le regard reste stable peu importe l’émotion et l’intensité du combat. Quelqu’un qui a peur et qui est énervé regarde dans plusieurs directions et cligne souvent des yeux. Au contraire, quelqu’un qui a un sentiment de contrôle pose un regard plus global sur la situation, fait moins de mouvements brusques du regard et cligne moins souvent des yeux.
La stabilité de ton regard témoigne de ta stabilité interne. Calme ton mental, et avec les mêmes yeux, tu verras plus clair.
Tente de comparer le regard d’un petit animal apeuré qui se sent traqué et celui d’un félin prédateur, accroupi, qui s’approche lentement de sa proie. Quelle est la différence entre le regard de ces deux animaux?
Le regard dominateur
Utilise ton regard pour dominer ton adversaire. Tu dois lui montrer ta supériorité par un regard calme, fort et empreint de volonté. Cette supériorité ne doit pas être arrogante. Elle ne doit pas non plus être artificielle parce que ton adversaire le sentira. Elle doit être appuyée de ta force intérieure. Ton désir de vaincre et ta détermination peuvent transparaître dans tes yeux.
Il faut apprendre à regarder les techniques que l’on subit sans cligner des yeux. Les débutants ont tendance à fermer les yeux lorsque l’adversaire déclenche une technique. En croyant se protéger, ils deviennent très vulnérables.
Garde les yeux bien ouverts et affronte les coups du regard. C’est le meilleur moyen de les éviter.
La vision périphérique
Développer sa vision périphérique.
Le combattant doit développer sa vision périphérique. Il faut être capable d’avoir une vision large sans bouger les pupilles. On doit pouvoir évaluer les distances de l’aire de combat et sentir où est la limite du shiai sans avoir à la regarder.
La vision en fonction de la distance de l’adversaire.
Plus on est loin de l’adversaire, plus il est facile de voir son corps en entier. À l’autre extrême, en corps à corps, on ne peut voir qu’une petite partie du corps de l’adversaire. Donc il faut garder en tête que lors des positions rapprochées, les jambes sont moins visibles.
Notre vision en fonction des techniques effectuées.
La vision des techniques de l’adversaire varie également en fonction de nos techniques et de la position de notre corps par rapport à celui de l’adversaire. Par exemple, lorsque je fais un gyaku tzuki chudan, je ne vois pas bien la jambe avant de l’adversaire. Mes techniques peuvent me cacher des techniques de l’adversaire. Il y a alors des angles morts qui sont créés et dont il faut se méfier. Il faut placer la garde pour parer à toute éventualité.
Problèmes de vision
Le regard en combat peut être affecté par toute sorte de situations, tel un coup dans les yeux, une perte de verres de contact ou une lumière inhabituelle dans le stade. Ce sont des situations qu’il faut apprendre à gérer et surtout, il ne faut pas se laisser distraire!