Anticipation

L’anticipation à différents niveaux

Pour faire de l’anticipation, il faut de la patience et un calme mental à toute épreuve.

L’anticipation peut se faire à deux niveaux. Le premier niveau est celui du débutant et consiste à intercepter l’attaque lorsque le corps de l’adversaire initie son mouvement. Le deuxième niveau, celui de l’expert, consiste à intercepter l’attaque lors de la prise de décision de l’adversaire, et ce, avant que le mouvement ne soit initié. Pour se faire, il faut développer l’intuition du combattant.

 

Développer son intuition

 

Intuition: connaissance immédiate de la vérité sans l’aide du raisonnement. Faculté qui permet de prévoir, de deviner.

 

L’intuition peut être une qualité innée chez le combattant, mais peut aussi être développée avec le temps. Tout être humain a la capacité d’intuition. Certaines personnes sont plus à l’écoute de cette faculté et apprennent à l’utiliser. Pour être capable d’appliquer l’intuition, il faut avoir une grande écoute de soi et de l’adversaire. Il faut avoir une écoute de ses sensations corporelles et de la sensation que l’on a de l’opposant. Il faut tenter de saisir le coeur et l’esprit du combattant avec lequel on entre en relation.

 

Photo: Gracieuseté de Karaté Québec, prise par Alain Mongeau

 

Un étudiant pose à son professeur une question sur l’intuition: 

« Comment est-ce que je peux être sûr qu’il s’agit de mon intuition et non pas de la projection des peurs, de mes désirs ou espoirs? »

Réponse : « Vous ne pouvez pas le savoir. C’est en fait ce sur quoi repose l’utilisation de l’intuition. »

                                                                      Laura Day

 

L’anticipation de l’émotif et de l’intellectuel

L’anticipation doit se faire selon un mode qui dépend de l’adversaire, soit plus émotif ou intellectuel. Chaque combattant possède une proportion d’émotivité et d’intellectualité dans son combat. Selon lequel des deux qui prédominent, le combattant présentera certaines caractéristiques (cf. types de combattant).

L’anticipation d’un combattant intellectuel se fait plus avec l’esprit alors que l’anticipation de l’émotif se fait plus avec le cœur.

 

Ceux qui sont les plus faciles à saisir sont ceux qui font l’action avec leur cœur, parce que l’émotion est intense et pure. L’intention brute est alors plus facile à ressentir. L’intellectuel va être plus difficile à ressentir parce qu’il travaille moins en émotion. Il faudra alors l’analyser de façon plus rationnelle.

 

 

La sensation de l’autre

Pour réussir à faire de l’anticipation, il faut réussir à obtenir une sensation approfondie de l’adversaire. Il faut entrer dans son être pour saisir qui il est. Mieux on saisit l’adversaire dans sa nature la plus profonde et plus on sera en mesure de le contrôler. On doit tenter de saisir ses émotions, ses pensées, ses peurs, ses moments d’hésitation et de doute. On doit tenter de détecter ses forces et ses faiblesses autant physiques que mentales.

On peut réussir à détecter le moment de la prise de décision de l’action en écoutant notre intérieur. On peut ressentir profondément, dans nos entrailles, les intentions de l’adversaire. Cette faculté biologique vitale fait partie des mécanismes de défense que nous possédons depuis la naissance.  Tous les êtres vivants ont cette faculté de ressentir le danger grâce à un radar intérieur qui sonne l’alarme et qui active notre corps pour entraîner une réponse de défense immédiate. Avec le temps et la vie tranquille que nous menons, bien à l’abri des dangers, on a endormi cette faculté vitale.

 

Exercice :  placez-vous les yeux fermés, face à un partenaire qui va vous attaquer avec beaucoup d’intensité et de conviction. Tentez de ressentir le moment où le partenaire va initier son action. En écoutant profondément en vous même, vous pourrez ressentir le moment où il prend la décision de déclencher son attaque avant même qu’il ne bouge. Pour y arriver, ça prend un calme mental et une grande concentration. Ensuite, le défi est de reproduire cette sensation en combat, les yeux ouverts.

 

Cette ouverture vers l’autre nécessite beaucoup d’écoute. Il faut aussi porter toute son attention vers l’adversaire. Les débutants ont tendance à penser à eux-mêmes : quelle technique je vais faire ensuite? Qu’est ce que mon coach me dit? Qu’est-ce qui va se passer si je perds?… Alors que l’attention devrait être portée exclusivement sur l’adversaire. Il faut faire un avec l’autre pour ressentir ses émotions et ses intentions. Cette union avec l’autre permet la compréhension du rythme et rend l’intuition plus fine.

 

« Vous ne faites qu’un avec votre adversaire. Il y a une relation de coexistence entre vous. Vous coexistez avec votre adversaire et vous devenez son complément, absorbez son attaque et utilisez sa force pour le maîtriser. »

Bruce Lee

 

 

Pour pouvoir répondre adéquatement à l’attaque, il faut saisir le rythme et la distance utilisés par l’adversaire. Il faut ressentir et apprivoiser ces notions dès les premières secondes du combat.

 

Vidéo: voici l’exemple d’un combattant qui fait de l’anticipation.

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Stabiliser le corps et l’esprit pour l’anticipation

Pour réussir à faire de l’anticipation, il faut que le corps et l’esprit soient en tout temps disponibles.

Esprit disponible : il faut être capable de garder une concentration intense durant tout le combat. Chaque faille devient une opportunité pour l’adversaire. L’esprit doit être libre et détaché, mais concentré et prêt à réagir à toute situation.

Corps disponible : Durant les déplacements, il faut que le corps soit toujours en mesure de se protéger ou de marquer un point. Pour ce faire, il faut que les membres et le corps soient bien positionnés. Il faut s’entraîner à faire des déplacements dans des positions stables et malléables avec des transitions souples et rapides, en ayant toujours la garde bien placée.

 

Vidéo: voici un combattant qui fait de l’anticipation avec un mawashi jodan.

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