Mental du combattant

L’importance du mental

L’élément le plus important du combat est le mental du combattant. C’est lui qui prend les décisions, qui gère les émotions et qui fera de l’issue du combat une victoire.

« Des qualités de corps et d’esprit existent qui permettent à une personne de vaincre au combat. La force, la vitesse et la compétence technique comptent parmi ces qualités. Ces qualités sont souhaitables et nécessaires pour l’excellent combattant comme pour le combattant efficace. Seules, cependant, elles sont insuffisantes pour faire de quelqu’un un bon pratiquant d’arts martiaux. Ces qualités doivent se voir adjoindre et se laisser guider par des qualités de caractère telles que la compassion, le courage et le contrôle de soi. »

Charles Hackney

 

Photo: Kate Campbell

 

Selon Charles Hackney, les 5 vertus nécessaires au combattant:

  • le courage
    • Force de caractère, fermeté d’âme devant le danger, la souffrance physique ou morale.
  • la justice
    • Reconnaissance et respect des droits de chacun, de l’équité.
  • la tempérance
    • Modération dans les plaisirs des sens. Sobriété. Savoir se maîtriser et ne pas laisser les passions déborder la raison. La tempérance est nécessaire à  l’harmonie intérieure de l’être.
  • la sagesse
    • Désigne le savoir et la vertu d’un être. Elle caractérise celui qui est en accord avec lui-même et avec les autres, avec son corps et ses passions, qui a cultivé ses facultés mentales, tout en accordant ses actes à ses paroles.
  • la bienveillance
    • Disposition affective d’une volonté qui vise le bien et le bonheur d’autrui.

Certaines de ces vertus s’acquièrent avec le temps et l’expérience. En discutant de ces principes avec les jeunes athlètes, ils vont pouvoir grandir avec droiture.

 

Photo: Véronique Leblanc

 

 

Le mental indépendant du corps

« Même si le corps est en position tranquille l’esprit lui ne doit pas demeurer tranquille. Même si le corps agit rapidement, l’esprit, quant à lui, ne doit pas du tout agir rapidement. L’esprit ne suit pas le corps et le corps de suit pas l’esprit. »

Miyamoto Musashi

 

Cette phrase de Musashi expose la notion qu’il faut que l’esprit soit indépendant du corps. Parfois des athlètes fatigués vont abaisser leur concentration mentale, ou quand on leur demande de travailler en souplesse, ils vont diminuer leur vigilance. Il faut réussir à déconnecter les sensations corporelles de l’état mental.

 

 

L’entraînement du mental

Réflexion: à l’entraînement, quel est le pourcentage de temps que vous passez à entraîner votre mental?

Les entraînements sont malheureusement trop souvent uniquement axés sur le travail physique et technique du combat. Il faut intégrer aux entraînements des exercices qui vont aussi faire travailler le mental; la capacité de réaction,  la prise de décision, la concentration et le détachement de l’esprit.

Types d’exercice:

  • Exercices favorisant la concentration intense pendant une période de 2-3 minutes et où les trous du mental sont détectés et mis en évidence (cf. section sur les trous du mental)
  • Exercices demandant une réaction immédiate à une action imprévue
  • Travailler la capacité d’adaptation de l’athlète en le mettant dans des situations difficiles, imprévues.

 

Photo: Btissama Essadiqi

 

La détermination et le courage

La détermination et le courage sont des qualités du combattant qui vont lui permettre de constamment repousser ses limites. Une grande volonté doit être présente tout au long de la carrière de l’athlète. Il en aura besoin durant les entraînements exténuants, les compétitions et pour performer malgré les difficultés quotidiennes. Il aura également besoin de beaucoup de courage pour affronter les blessures et les échecs. Mais en fin de carrière, quand il aura passé à travers toutes ces épreuves, il pourra être fier de ce qu’il a appris et accompli.

 

Photo: Rébecca Khoury

 

« Décrire le courage non comme l’absence de peur, mais, comme la capacité à accomplir les tâches attendues malgré la peur, et la peur devient un adversaire à affronter et à vaincre plutôt qu’à nier. »

Charles Hackney

 

LA CONSCIENCE ÉCLATÉE
La méditation de 2e niveau pour augmenter l’efficacité du combattant.

Ce que je décris ici n’a rien de mystique. C’est une réalité de l’esprit et de la conscience.

La première étape en méditation est d’entraîner son mental à se concentrer sur quelque chose de bien précis. On regarde une chandelle ou on se concentre sur sa respiration. Cette concentration demande un effort. Cette concentration amène une fermeture de la conscience sur un objet précis. C’est contraignant, mais c’est la première étape.

Quand on passe à la deuxième étape, il n’y a plus d’effort nécessaire puisqu’on va vers l’ouverture au lieu d’être en fermeture. On passe alors à la conscience éclatée. C’est le meilleur mot pour décrire cet état particulier, très difficile à expliquer. Mais je vais essayer de vous le décrire parce que c’est très important.

Tous les exercices simples de méditation préparent l’esprit à laisser la place à cette conscience éclatée.

Qu’est ce que la conscience éclatée?
C’est un niveau supérieur de conscience où elle s’étend pour tout voir, tout ressentir sans s’attacher à quelque chose de précis. Cela demande un détachement et une ouverture de la conscience, comme si on veut tout englober et tout saisir en même temps. Cet espace est vide de toutes paroles, réflexions, pensées ou raisonnement.

Vous pensez que ce n’est pas possible?
Détrompez-vous!

Les exercices qui montrent à l’esprit à se concentrer sur un objet précis sont comme les consignes qu’on donnerait à l’enfant qui apprend à marcher: « transfère ton poids sur une jambe, lève ta jambe,… ». Mais quand on saisi l’autre niveau de conscience, où la conscience est éclatée, faire ces exercices de concentration n’a plus vraiment de sens. On perdrait l’équilibre à vouloir décomposer sa démarche, n’est-ce pas?

La concentration c’est d’ouvrir une lampe de poche dans une pièce totalement noire. On ne voit alors que ce qui se trouve sous le rayon lumineux. C’est un focus trop serré. Entrer dans la conscience éclatée c’est ouvrir toutes les lumières de la pièce.

En combat, on te dis: « concentre-toi! »
Mais il faut se concentrer sur quoi? Ton esprit n’est pas assez rapide pour se concentrer sur un détails précis, passer d’un détail à l’autre et réagir en même temps aux imprévus. Ce n’est pas possible, pas assez efficace. L’esprit ne peut jamais que saisir des fragments de ce qui se passe.

On devrait peut-être plutôt dire: « centre-toi » voulant dire d’amener ton énergie vers le centre de ton corps, ce qui te donne un meilleur équilibre. Puis devrait-on dire: « connecte-toi », où le combattant devrait entrer dans un état où il voit tout, est prêt à tout, sans s’attacher à aucun détail? C’est cela la conscience éclatée. Peu importe les mots qu’on utilise, le défi c’est de faire comprendre cela au combattant.

Dès que le combattant pense à son coach, à la technique qu’il va faire, au pointage, à sa blessure, il sort alors de l’état d’esprit où il est le plus performant.

Il faut entraîner son mental à être dans cet état de conscience éclatée et d’y rester le plus longtemps possible.

 

EXERCICE:

Cet exercice a pour but de développer sa conscience éclatée. Pour être capable de faire cet exercice, il faut d’abord maîtriser la concentration simple où on doit se concentrer sur un objet précis sans être distrait par nos pensées.

Ça débute comme cela:

Tu t’assoies quelque part où tu es seul et où il y a une certaine vie, une vie calme: endroit idéal, en forêt. Tu t’assoies et commences par te déposer et sentir ton corps dans cet espace. Puis tu regardes autour de toi pour voir les détails de ce qui t’entoure.

Puis tu arrêtes de bouger ta tête et tu regardes devant toi en essayant de voir tout le tableau devant toi sans attacher ton regard sur aucun objet. Tu laisses ton regard s’étendre pour saisir toute l’image, dans sa globalité.

Puis tu fais la même chose avec tous les sons que tu entends. Tu saisis en même temps le son du ruisseau et le chant des oiseaux.

Puis tu fais la même chose avec tes sensations corporelles, le froid du sol, le vent sur ta peau.

Puis, quand tu es prêts, tu essayes d’intégrer tout cela dans la même seconde. Puis la seconde suivante, puis la seconde suivante. Et avec le temps, tu verras ce qui va arriver…

Pour y arriver, il ne faut pas forcer, cela t’éloignerait de ton objectif. Au contraire, il faut tout laisser aller, juste ressentir et s’ouvrir.

Pour arriver à faire cet exercice, il faut être prêt, alors ne te décourage pas si tu n’y arrives pas du premier coup. Peut-être que ça va te prendre des années avant de comprendre comment mettre ton esprit de côté. Mais quand tu auras compris, tu ne pourras plus jamais l’oublier.

À un certain moment, tu vas croire que tu y est peut-être, mais c’est ton cerveau qui te joueras des tours. Ne t’inquiète pas, quand tu y seras, tu le sauras.

Et quand tu y arriveras, ta vie ne sera peut-être plus la même parce que ton regard sur le monde changera. Ça c’est le plus important de tous les combats.