Les stratégies spécifiques
Voici une section qui traite de quelques stratégies et tactiques qui peuvent être appliquées en combat. Le choix des stratégies à utiliser est très personnel. L’important est d’avoir une grande connaissance des stratégies existantes pour, non seulement utiliser celles qui sont appropriées selon les situations de combat, mais savoir qu’elles pourraient être les stratégies utilisées par l’adversaire. On entre alors dans un jeu d’échec, où le gagnant sera probablement celui qui aura plus d’un tour dans son sac!
Principes généraux
Selon Miyamoto Musashi, voici quelques principes généraux pour pratiquer la Voie de la tactique:
- Éviter toute pensée perverse (négative)
- Connaître la Voie de chaque métier (apprendre à connaître les autres)
- Savoir distinguer les avantages et les inconvénients de chaque chose
- En toute chose, s’habituer au jugement intuitif
- Connaître d’instinct ce que l’on ne voit pas
- Prêter attention aux moindres détails
- Ne rien faire d’inutile
Neutraliser la force de l’adversaire
Faire échouer toutes les tentatives de prise d’initiative de l’adversaire
Quand on est en présence d’un attaquant efficace, une stratégie qui peut être utilisée est de tenter de faire échouer toutes les prises d’initiatives de l’adversaire en ne prenant aucun risque quand l’adversaire attaque. L’adversaire peut alors perdre confiance en ses attaques et devenir plus hésitant. Et ce, surtout, si on lui fait payer ses attaques par des contre-attaques efficaces.
Affaiblir mentalement l’adversaire
Mettre une forte pression mentale pour diminuer la confiance de l’adversaire
Quand on sent qu’on est devant un adversaire craintif, on peut imposer notre force mentale pour dominer l’adversaire. C’est une énergie que l’on projette sur l’adversaire, lui montrant qu’on est supérieur à lui.
Créer des situations désagréables pour l’adversaire
Il est possible de tenter de créer des situations qu’on pense qui ne seront pas en faveur de notre adversaire. Par exemple,
- Prendre une garde gauche ou droite
- Effectuer des déplacements qui seront déstabilisants pour adversaire
- Utiliser un rythme qui désavantage l’adversaire selon son style de combattant
- Intimider l’adversaire par son attitude ou son regard
Faire croire à un élément faux
Fausse ouverture
Il est possible de donner à l’adversaire une fausse ouverture pour l’inciter à attaquer et à profiter de ce moment pour le marquer. L’adversaire est très vulnérable quand il prend la décision de faire une prise d’initiative. À ce moment, son mental est attaché et donc plus vulnérable. Quand on crée volontairement une ouverture, celle-ci devient un piège pour attirer l’adversaire et l’inciter à faire une erreur. Il faut être vigilant pour que cette fausse ouverture ne devienne pas pour nous une vraie source de danger.
Photo: Karaté Québec, prise par Alain Mongeau, Philippe Soucy et Patrice Boily-Martineau
Fausse vulnérabilité
On peut faire croire à l’adversaire à une fausse vulnérabilité. Par exemple, on peut lui faire croire qu’on est pris sur le bord de la ligne et en profiter pour le surprendre avec une prise d’initiative. On peut simuler un moment de distraction pour inciter l’adversaire à se compromettre.
Feintes
Les feintes sont très utiles pour distraire l’adversaire. Une section du site y est dédiée (cf. section sur les feintes).
Être imprévisible
Changement brusque de rythme ou d’intensité
Des changements brusques d’attitudes pendant le combat peuvent confondre l’adversaire. Un changement brusque de rythme ou d’intensité dans le combat demande à l’adversaire de s’adapter rapidement. Pendant ses efforts d’adaptation, l’adversaire peut être distrait et on peut en profiter pour le marquer.
Utiliser les coins et le bord des lignes
Avec des déplacements rapides et imprévisibles, on peut contrôler le combat.
Offensive défensive
Il est possible d’entrer dans la bulle de l’adversaire pour l’inciter à nous attaquer, de bloquer sa technique défensive pour contrer avec une technique précise. Le but est de provoquer l’adversaire à se compromettre en défensive. Voici un exemple:

Vidéo: Tina Smith-Desrosiers
Situations à gérer
S’adapter à la garde de l’adversaire
Normalement, un athlète de haut niveau doit être capable de se battre avec les deux gardes, gauches et droites. Il arrive durant le combat que l’adversaire soit placé avec la jambe contraire et qu’on se retrouve en garde inverse (miroir).
- Tentez de mettre votre pied avant subtilement à l’extérieur de celui de l’adversaire. Vous aurez alors un avantage dans le positionnement de vos techniques.
Photo: Gracieuseté de Karaté Scotland, Roxanne Côté
Se retrouver en corps à corps
Lorsqu’on se retrouve dans une position de corps à corps, il faut tenter de profiter de la situation. Voici les options :
- Se dégager et s’éloigner de l’adversaire.
- Se dégager et tenter de surprendre l’adversaire par une technique. Exemple: gyaku simple ou enchaîné, mawashi jambe avant ou arrière, au visage ou au corps, ura mawashi au visage.
- Tourner dans le coin et sortir vers le centre.
- Profiter de la distance rapprochée pour faire un balayage
Photo: Chris De Sousa Costa, Sorin Alexandru
Se défendre au sol
Comment se défendre quand on est amené au sol? On peut se retrouver au sol, soit par une chute accidentelle, ou par un balayage de notre adversaire. Voici les consignes:
- Garder les jambes hautes et faire un « mouvement de vélo » avec les jambes pour empêcher l’adversaire d’approcher.
- Ce n’est pas parce que vous êtes au sol que vous ne pouvez pas bloquer les techniques de l’adversaire. Conservez et pratiquez vos capacités de blocage même si vous êtes au sol!
- Il faut pouvoir pivoter, même si on est sur le dos, pour garder les pieds vers l’adversaire.
- On doit en tout temps garder un contact visuel avec l’adversaire.
- On peut rouler en direction des lignes du shiai pour s’éloigner rapidement du danger. Attention de ne pas offrir votre dos pour cible.
« Il est nécessaire de développer une stratégie qui utilise toutes les possibilités physiques ainsi que les éléments qui sont directement à la portée de main. La meilleure stratégie repose sur un ensemble illimité de réponses. »
Morihei Ueshiba