J’aimerai partager avec vous ma vision du rôle des parents dans le développement de leur enfant. Pour que l’expérience de la compétition soit enrichissante, l’athlète a besoin de soutien de personnes significatives.
Je remercie infiniment mes parents qui ont été formidables pour moi. Ils ont été d’une grande sagesse et m’ont guidée à travers les différentes étapes de mon cheminement.
Photo: mes parents, Elhachmi Essadiqi et Malika Moussaoui
Soutien émotionnel
Le parent doit faire sentir à son enfant qu’il sera toujours fier de lui, peu importe les résultats qu’il obtiendra en compétition. Il doit fréquemment rappeler au jeune athlète que sa priorité devrait être d’avoir du plaisir et de vivre sa passion pleinement. Parfois, la pression est tellement forte que l’athlète oublie d’apprécier le moment présent. Les parents peuvent l’aider à se souvenir de son identité et de la raison de son engagement.
Le parent peut également être une aide précieuse dans la gestion du stress de l’athlète. Il est celui qui connaît le mieux son enfant et peut trouver les bons mots pour le réconforter et le rassurer.
Soutien financier
Pour pouvoir progresser sur la scène internationale, un athlète doit participer à plusieurs compétitions annuellement. Cela implique des coûts importants, qu’un jeune ne peut assumer seul. Quand l’athlète est aux études, il est très difficile pour lui de s’entraîner intensément et d’avoir en parallèle un travail rémunéré. Dans la journée, après les études et le travail il reste peu d’énergie pour l’entraînement, ce qui peut décourager les athlètes, même les plus motivés. Avec seulement 24 heures dans une journée, il est très difficile de performer dans plus de deux sphères de la vie.
Ce qu’il faut éviter de faire
Mettre de la pression sur le jeune pour qu’il obtienne des performances. Souvent les jeunes athlètes s’en mettent déjà beaucoup sur les épaules. Les parents doivent être une source de réconfort et non une source de stress additionnel. Il ne faut pas mettre d’emphase sur les résultats mais plutôt sur l’expérience vécue par l’athlète.
Exemple: Mon enfant revient de compétition. La première question que je lui pose est: « Et puis, tu as ramené une médaille? ». L’enfant retient que ce qui est le plus important aux yeux du parent, c’est la médaille.
Au contraire, le parent devrait dire: « Et puis, comment as-tu aimé ton expérience? Qu’est-ce que tu as appris? Es-tu fier de ce que tu as accompli? Qu’est-ce que tu pourrais faire de mieux la prochaine fois? »
Il faut éviter d’être « trop » présent lors des compétitions. Le cadre de la compétition est un endroit où le jeune athlète apprend à être autonome. Il vit des moments intenses en émotion, parfois positifs, parfois négatifs. Il est très formateur pour l’athlète de se débrouiller seul à travers ces épreuves, entouré de ses entraîneurs et de ses coéquipiers. Il faut par contre tenir compte de l’âge de l’athlète et de sa maturité. Quand le jeune est suffisamment fort pour voler de ses propres ailes, il faut éviter de l’étouffer en voulant le surprotéger.
On apprend beaucoup plus quand on doit gérer les choses soit même.
Il faut éviter de comparer les athlètes entre eux. Les enfants ont un cheminement individuel qu’il faut respecter. La progression de l’athlète dépend de son talent, de sa passion, de sa volonté et de son courage. Chacun a un apprentissage particulier à tirer de la compétition et les médailles obtenues ne sont pas le seul reflet de la qualité de l’athlète.
Suggestion de lecture
Pour tous les parents qui ont à coeur le développement de leur enfant, je vous suggère un excellent livre intitulé: La performance… à quel prix? Encouragez votre enfant à se dépasser…sans pression, écrit par Christiane Despatie et Séverine Tamborero.
Voici des extraits de ce livre sur le rôle important des parents:
« Le rôle du parent est de partager la joie et les peines de votre enfant et de lui apporter tout le soutien dont il a besoin, tout en demeurant lucide par rapport à ses attentes et ses ambitions. »
« Il s’agit de permettre à votre enfant d’acquérir le goût du dépassement plutôt que celui de la performance. »
« Soutien inconditionnel et équilibre : voilà ce qui devrait guider votre comportement face à l’activité de votre enfant. »
« Il est prouvé également que si vous vous impliquez de trop près, vous risquez de nuire au développement de votre enfant et même de le conduire à abandonner. »
« Nos règles d’or sont bien simples : faites preuve de patience, allez-y une étape à la fois, faites-vous confiance, gardez en tout temps les voies de communication ouvertes avec votre enfant et son entourage, et, surtout, suivez votre intuition de parent en toutes circonstances. »
« Tout ce qu’ils [enfants] désirent, et tout ce dont ils ont besoin, c’est votre amour inconditionnel. »
L’anxiété parentale en compétition
Je pense que la première étape est de prendre conscience de nos peurs et de leur provenance.
L’anxiété apparaît lorsqu’on a peur de perdre, de briser quelque chose ou la peur d’avoir mal. C’est toujours quand on se projette dans un futur qu’on ne contrôle pas. D’où l’importance d’apprendre à vivre dans le moment présent. Dans le moment présent, VIDE DE PENSÉES, il ne peut pas y avoir d’anxiété.
Le parent anxieux en compétition peut l’être pour les raisons suivantes:
– peur que son enfant se blesse physiquement.
– peur que son enfant soit déçu de sa performance.
– peur de ressentir inconsciemment l’échec de son enfant comme son propre échec.
– peur de ce que les autres vont en penser, etc…
Quand l’anxiété est incontrôlable, il faut se demander pourquoi cela nous touche autant. Avons-nous vécu nous-même de grandes déceptions, des échecs et avons peur de les revivre à travers nos enfants?
Ce qu’il faut réussir à se dire, c’est que ce que l’enfant va vivre est une expérience formidable, que ce soit dans la victoire ou dans la défaite. Ce qu’il va apprendre sur lui et les autres a une valeur infiniment plus grande que le résultat final de la compétition. Les blessures graves sont rares. S’il a quelques égratignures ou ecchymoses, il va apprendre. S’il vit une défaite, il va apprendre.
Il faut arrêter d’avoir peur de la douleur, puisqu’elle nous fait grandir.
L’enfant ressent immanquablement l’anxiété de son parent et cela peut lui nuire dans l’apprentissage du contrôle de sa propre anxiété. En apprenant le détachement, on donne l’exemple à nos enfants. Le détachement ne veut pas dire de ne pas prendre la compétition au sérieux. Le détachement veut dire: tout donner, puis se détacher du résultat. S’il y a une déception, on la vit un moment, puis on passe à autre chose et on cherche à s’améliorer constamment, sachant que le plus important c’est de devenir meilleur, chaque jour, par rapport à nous même.
Alors, on respire profondément, on ralentit nos pensées, on se connecte au moment présent et on fait confiance que tout ce qui va arriver est pour le mieux!