Concepts de base

Certains concepts de base sont essentiels à comprendre pour pouvoir performer en combat. Il y a des notions importantes à maîtriser pour appliquer efficacement les techniques.

 

« Dans un combat, l’homme éclairé ne bouge que lorsqu’il choisit le mouvement nécessaire, et seulement lorsqu’il le décide. Il n’est pas tendu, il est prêt, il n’est jamais mou, mais flexible. »

Bruce Lee

 

Pour marquer un point en compétition, plusieurs critères doivent être satisfaits (points énumérés dans le guide des règlements des arbitres):

  • Bonne forme
  • Attitude sportive
  • Grande vigueur
  • Zanshin (vigilance)
  • Timing avec opportunité
  • Distance correcte

Une technique sans vigueur n’a pas de valeur. Si elle est effectuée au mauvais moment, à la mauvaise distance ou sans concentration mentale, elle ne peut être efficace.

 

La qualité technique

La qualité technique doit être élevée et doit respecter les principes de biomécanique lui permettant de générer une force maximale. Cette force doit être contrôlée pour éviter les contacts. L’attaquant doit démontrer qu’il pourrait créer un dommage s’il effectuait la technique avec puissance. Pour se faire, les techniques doivent avoir de bons appuis au sol et les extrémités doivent être propulsées par les hanches.

La détente musculaire et le bon ordre de contraction des groupes musculaires sont des éléments importants qui permettent de générer la force maximale, d’augmenter la vitesse des techniques et de diminuer l’effort physique fourni durant le combat. Pour effectuer un mouvement dans une nouvelle direction, un muscle contracté doit se détendre avant de pouvoir se recontracter à nouveau. En tout temps, il ne faut contracter que les groupes musculaires nécessaires au mouvement à effectuer. Les autres muscles doivent être détendus et prêts à réagir.

La trajectoire de la technique. Pour qu’une technique soit rapide, il faut que la distance parcourue entre deux points soit la plus courte possible, ce chemin étant toujours la ligne droite. Par contre, pour surprendre un adversaire, on peut vouloir prendre une trajectoire inhabituelle (voir Les feintes).

Éviter les mouvements d’appel. Tous les mouvements, ne servant pas à l’attaque, doivent être éliminés. Ces mouvements peuvent télégraphier la technique, créer des trous dans la garde et faire perdre du temps lors de la prise d’initiative. Il faut analyser attentivement sa propre prise d’initiative et tenter d’enlever tous les mouvements inutiles. Pour prendre conscience de ces mouvements d’appels, on peut utiliser l’analyse de vidéos.

 

 

La vitesse et la capacité de réaction

La capacité de réaction d’un individu dépend de la vitesse des influx nerveux qui circulent dans son corps. C’est une interaction entre le cerveau et les neurones moteurs. Pour avoir une réaction à vitesse maximale, il faut que tous les maillons de la chaîne de transport de l’influx nerveux travaillent à vitesse maximale. La vitesse finale dépend du maillon le plus faible.

Les maillons impliqués dans la chaîne:

  • Afférence au cerveau: le transfert d’information des images visuelles vers le cerveau.
  • Efférence aux muscles: les commandes envoyées du cerveau aux muscles.
  • Les effecteurs: les muscles effectuant le mouvement, dont la vitesse dépend de la qualité des fibres musculaires.

Certaines personnes sont naturellement plus rapides à cause de leur capacité musculaire ou de réaction. Cependant, ces éléments peuvent être améliorés par tous les athlètes. Il faut travailler sur tous les maillons de la chaîne de réaction en n’oubliant pas l’importance de la concentration.

 

Il faut constamment tenter de repousser sa limite de vitesse.

Photo: Gracieuseté de M. Dick Grant, Rafael Aghayev

 

 

La fluidité

La fluidité doit être présente autant dans les attaques que dans les blocages et les déplacements. Elle permet la puissance des coups lorsqu’appliquée à l’addition des énergies de translation, de rotation et de vibration. Lors d’un mouvement saccadé, l’énergie se perd à chaque arrêt. Le blocage saccadé étant agressant, il entraîne souvent une réponse immédiate de l’adversaire. Durant les déplacements, la fluidité permet de diminuer les pertes d’énergies au sol. Elle diminue également la vulnérabilité en rendant les moments d’ouverture plus courts.

 

 

La fluidité est reliée au cercle.

Dans un mouvement circulaire, l’énergie n’est jamais perdue mais constamment renouvelée.

 

« Si votre opposant attaque par le feu, contrez-le par l’eau, devenez complètement fluide et coulant. Par sa nature, l’eau ne brise pas, ne percute pas. Au contraire, elle absorbe en douceur toute agression. »

Morihei Ueshiba

 

Le kime

Le kime correspond à la concentration de l’énergie physique et mentale en un point dans l’espace et dans le temps.

Le kime permet d’obtenir l’efficacité maximale d’une technique. Pour avoir un bon kime, il faut comprendre le synchronisme détente-contraction. Il faut appuyer la technique par une bonne respiration et par une grande intensité mentale. Toutes ces composantes doivent être réunies dans une fraction de seconde, où le corps, le cœur et l’esprit ne font qu’un.

 

Lors du kime le corps, le cœur et l’esprit ne font qu’un.

 

Photo: Gracieuseté de M. Dick Grant

 

Le kiai

Notre énergie vitale peut être libérée avec plus de force si elle est appuyée par un cri viscéral provenant du ventre. C’est le kiai. 

Imaginez qu’un accident vienne de se produire et qu’un être cher soit pris sous un poids très lourd mettant sa vie en danger. Qu’arrivera-t-il lorsque vous tenterez de lever ce poids de toutes vos forces? Un cri émanera du plus profond de votre être,  vous permettant d’aller chercher chaque goutte d’énergie pour sauver l’être cher. Voilà ce qu’est le kiai.

Une technique ne peut pas être accordée en combat de compétition si elle n’est pas appuyée mentalement par une volonté de marquer. Le kiai est également la démonstration aux arbitres de cette volonté.

 

Photo: Karate Québec – Photo prise par Mme Joëlle Massy – Alexis Bordeleau

 

Le kiai peut aussi avoir pour but de déconcentrer l’adversaire ou de démontrer sa supériorité.

Il faut éviter de faire un kiai trop long, celui-ci devant concorder avec le kime, qui ne dure qu’une fraction de seconde. De plus, quand un kiai s’éternise après la technique effectuée, la concentration se dissipe et la vulnérabilité augmente.

 

Le centre de gravité énergétique

Notre centre de gravité physique est influencé par l’endroit où l’on concentre notre énergie interne. Sans aucun mouvement, on peut déplacer ce centre énergétique du haut vers le bas et du bas vers le haut. On ne peut pas voir cette énergie, mais on peut le ressentir en soi et chez les autres.

En karaté, on veut être fort, et on fait parfois l’erreur de concentrer l’énergie du corps dans le centre du thorax, en contractant les épaules. Ce n’est pas la chose à faire. Bomber le torse ne nous rend pas plus fort. Il faut plutôt concentrer son énergie dans son bassin et son bas ventre, sous le nombril. On développe alors la sensation qui peut se représenter par devenir une roche très lourde, ou celle de s’enraciner dans la terre.

En regardant un karatéka en action, que ce soit en kata ou en combat, on peut facilement ressentir où se trouve son centre de gravité énergétique.

Baisser son centre de gravité énergétique amène non seulement une stabilité physique mais aussi émotionnelle. Si l’énergie se concentre dans la tête, nos pensées défilent à toute vitesse et il est alors difficile de se centrer sur son ressenti. Si l’énergie se concentre dans le thorax, la stabilité au sol est moins bonne et les épaules se tendent, ce qui rend les mouvements plus lents.

Cette notion n’est pas seulement importante en kata. En combat aussi cette stabilité est très utile pour nous permettre de reprendre rapidement nos appuis après un échange, ce qui nous aide à avoir une meilleure continuité et nous permet de profiter des opportunités.

Comment abaisser notre centre de gravité énergétique:
1. Prendre conscience de son existence et tenter de ressentir où nous avons l’habitude de le placer.
2. la puissance de la visualisation: Visualiser l’énergie qui circule dans notre tronc et visualiser qu’on la dirige vers le bas. Visualiser l’enracinement dans le sol. S’aider de sa respiration en ayant l’impression que l’air de l’inspiration se dirige jusque dans le bassin. 
3. Détendre les épaules. L’énergie ne peut pas descendre si les épaules demeurent contractées.
4. Travailler à renforcer les abdominaux, le périnée et les muscles du bas du dos.

Exercices:

1. Pour les enfants: Attacher 2 partenaires entre-eux avec une ceinture dans le dos. Les partenaires qui sont dos à dos ont, en face d’eux à quelques mètres, un gant déposé au sol. Au hajime, les partenaires doivent aller chercher le gant en premier. Celui qui avance vers le gant, doit aussi tirer son partenaire qui est attaché dans son dos. Pour pouvoir gagner, les enfants doivent abaisser leur centre de gravité physique et énergétique.

2. Vous demandez au karateka de se tenir debout, droit en fixant un point au loin. Vous essayez de le soulever en le prennant par les hanches. Vous devriez pouvoir le soulever sans trop de difficulté (à moins qu’il ne pèse 200 kg ). Puis demandez au karateka de baisser son centre de gravité énergétique en ayant l’impression de l’envoyer vers le sol. Essayez de le soulever à nouveau et remarquez à quel point son corps semble plus lourd! Une personne, même très légère, pourrait devenir très difficile à soulever, s’il elle arrive à bien concentrer son énergie.

3. Tentez d’abaisser votre centre de gravité énergétique pendant vos activités de la vie quotidienne.

Tranche de vie 😉
J’observais un karateka qui essayait de mettre en pratique un exercice avec quelques difficultés. Je ressentais que toute son énergie était principalement au niveau de sa tête. Il n’arrivait pas à faire l’exercice et se sentait débordé mentalement. Je lui ai alors demandé de baisser cette énergie dans son bassin. Et bien imaginez vous qu’à cet instant précis, il a été capable de faire l’exercice sans faille.

Bonne stabilité pysique et émotionnelle mes amis!